La honte
Myriam Pomerleau
La honte est une émotion relationnelle. C’est-à-dire qu’elle se crée en réaction au regard de l’autre. Face à la réaction de l’autre, si l’on ressent de la honte, on peut se cacher le visage, comme si le regard de l’autre nous transperçait douloureusement. Dans la honte, c’est la représentation de soi qui est altéré, c’est un effondrement de l’estime de soi.
Craindre le regard de l'autre
La personne qui ressent de la honte aimerait parler et raconter ce qui l’habite, mais ne peut le dire par crainte du regard de l’autre. La honte force à se taire, à rester en silence pour éviter de n’être pas cru, d’être ridiculisé ou d’être agressé. La honte permet donc de se protéger. On cache une partie de son histoire que l’autre n’a pas été capable supporter dans le passé et qu’il ne pourra peut-être pas supporter aujourd’hui. Lorsqu’on se livre à l’autre, on risque de lui donner le pouvoir de nous juger. La honte pourrait être comme un signal d’alarme qui nous dit qu’il est préférable de s’effacer devant une personne qui pourrait nous blesser. C’est également un signal qui nous indique que l’on souffre du regard des autres car nous lui accordons une grande importance. Le silence créé par la honte permet donc de se protéger. Cette protection est à double tranchant puisqu’elle dissout le lien. Lorsqu’on évite la relation dans laquelle on se sent rabaissée, on se coupe également de ceux et celles dont on attend l’estime et l’affection. On développe des comportements d’évitement ou d’enfouissement qui nuisent aux relations que l’on cherche à maintenir, développer ou établir.
Protéger l'autre de soi
La honte nous empêche de parler pour protéger ceux et celles que l’on aime, pour éviter de les entraîner dans notre souffrance et tourmente. De cette manière, on ne gêne pas les autres, on n’est pas méprisé et on préserve l’image que l’on a de soi. Si l’on entraîne l’autre dans son malheur, il peut s’ajouter la culpabilité à la honte.
La culpabilité VS la honte
La culpabilité et la honte sont des émotions différentes. Dans la honte, une voix intérieure peut dire ‘’tu es minable’’. La personne qui ressent de la honte se cache pour moins souffrir. Dans la culpabilité, il y a un juge intérieur qui peut dire ‘’c’est de ta faute’’. La personne qui ressent de la culpabilité se punit pour sa faute. Bien que la honte et la culpabilité aient des significations différentes, elles peuvent s’entremêler.
Pour se sortir de la honte
La honte peut s’apaiser quand les autres cherchent à comprendre au lieu de juger. On peut également s’affranchir de la honte en se redonnant une image de soi différente devant les autres, en développant un côté altruiste. L’ambition et la fierté permettent également de se sentir moins minable, mais le poison de la honte demeure en arrière-plan. En ne parlant que de ses victoires et ambitions, on masque dans le silence les difficultés et défaites, ce qui empoissonne notre monde interne.
Pour en lire davantage sur la honte : Mourir de dire par Boris Cyrulnik